Quand l’air intérieur dépasse le pic de pollution de Paris ou New Delhi

Selon une récente étude américaine, la seule cuisson d’un rôti dégage 200 microgrammes (par mètre cube) de particules fines dans une maison, un niveau vingt fois supérieur à celui que l’Organisation Mondiale de la santé (OMS) juge « acceptable ».

Faire bonne chère est-il un acte dangereux pour la santé ? Selon une étude réalisée par des chercheurs de l’Université du Colorado (Etats-Unis), et publiée le 17 février dernier dans le magazine américain Science Daily, certains modes de cuisson (grillade et rôtissage) provoquent, lorsqu’ils sont pratiqués en espaces clos dépourvus de systèmes destinés à purifier ou renouveler l’air via une bouche VMC (Ventilation Mécanique Contrôlée), un pic de pollution tel qu’il dépasse temporairement celui de grandes agglomérations, parmi les plus nocives de la planète. L’expérience menée par ces scientifiques est particulièrement évocatrice : il s’agissait de mesurer la quantité de particules fines émise à l’intérieur d’une maison où l’on mitonne, avec force dindes farcies au four, épis de maïs grillés, gratin de potirons et purée de patates douces, un repas typique de Thanksgiving, une fête traditionnelle nord-américaine. Or, la cuisson du seul rôti réalisée à cette occasion a fait grimper, pendant huit heures d’affilée, ces indices de toxicité jusqu’à 200 microgrammes par mètre cube, un taux très supérieur à celui de Paris et vingt fois plus élevé que le seuil jugé « acceptable » par l’Organisation Mondiale de la Santé (10 microgrammes). Même New Delhi, régulièrement citée comme la ville la plus polluée du monde, ne concentre pas autant de particules fines sur une durée d’exposition aussi courte (143 microgrammes en moyenne) !

Ventiler son logement

Pour Marina Vance, auteure principale de l’étude, l’objectif de ce test grandeur nature visait à évaluer l’impact de certaines activités domestiques ordinaires, comme la cuisine ou le nettoyage, sur la pollution intérieure puis extérieure, et leur capacité à modifier la « chimie d’une maison ».

Les résultats mis en évidence par les chercheurs américains trouvent d’autant plus d’écho en France que la chasse aux particules fines y est désormais érigée comme un enjeu de santé publique : ces éléments en suspension dans l’air présentent un diamètre si petit (moins de 50 micromètres) qu’elles ont la faculté de pénétrer dans l’organisme humain, jusqu’à atteindre les poumons et se transporter dans le réseau sanguin. Elles sont potentiellement à l’origine d’inflammations, d’allergies, de troubles respiratoires ou de maladies cardiovasculaires.

Au regard de risques encourus, les chercheurs conseillent vivement d’ouvrir grand les fenêtres des cuisines, d’utiliser des hottes aspirantes et, plus largement, d’installer des dispositifs de ventilation aptes à assurer un renouvellement permanent de l’air.